A quand le premier agrément ?
Après plus de quinze jours du début de ses travaux, le comité technique interministériel n’a toujours pas délivré d’agréments.
En effet, ce comité chargé d’étudier les demandes déposées par les prétendants à l’agrément de concessionnaire automobile, a tenu sa première réunion le 24 juin dernier. Depuis, les neufs dossiers étudiés ont tous subit des réserves ou des ajournements. Cette phase d’étude des dossiers requiert, comme le prévoit le cahier des charges 21-175 du 09 Mai dernier, le rapport du directeur de l’industrie des wilayas concernées. Ce rapport confirme ou infirme les déclarations émises par les opérateurs économiques au comité technique, à travers les documents fournis.
Neufs dossiers étudiés seulement !
Sur les neufs dossiers étudiés, il ressort que trois seulement sont de nouveaux opérateurs qui ambitionnent de s’investir dans le marché de l’automobile, même si un des opérateurs a dû créer une nouvelle société pour pouvoir prétendre à un agrément, pour des raisons qu’il n’y a pas lieu d’évoquer ici. Les autres, au nombre de six, sont connus pour avoir exercé le métier de concessionnaire automobile dans différents segments du marché. Ces six opérateurs ont toujours répondu aux exigences des différents cahiers des charges apparus successivement en 2015, 2020 et 2021. C’est dire que, sans hésiter, ils ont investi des sommes colossales, dans la location ou l’acquisition d’infrastructure ainsi que dans des équipements pour entamer une activité industrielle, comme exigé par le cahier des charges 15-58 de 2015. Depuis, ceux qui ont investi sur des activités industrielles n’ont jamais pu entamer le travail qui consiste à produire, ou des pièces de rechange, ou des motocycles, où encore des véhicules agricoles tels que des tracteurs. Malgré cet état de fait, ils ne se sont jamais découragés et ont dû attendre l’apparition du cahier des charges 20-227 du mois d’Août 2020, publié sous l’ère de l’ancien ministre de l’industrie Ferhat Ait Ali. Pour rappel, le cahier des charges 15-58 a contraint les concessionnaires, de simples commerçants, importateurs et distributeurs de produits finis, à devenir des industriels !
D’un cahier des charges à l’autre…
Sans revenir sur cette période malheureuse pour le pays et les dégâts qu’elle a occasionné, soulignons que sur les six opérateurs ayant déjà exercé par le passé, plusieurs d’entre eux ont pu obtenir l’agrément provisoire sous le cahier des charges 20-227 publié le 19 Août 2020. C’est dire qu’ils ont répondu aux exigences de ce document, pourtant des plus contraignants. Son niveau d’exigence était tel qu’il a été décrié aussi bien par les médias que par les professionnels de la distribution automobile. Ce qui a conduit à sa révision avec l’apparition du cahier des charges 21-175 le 09 Mai dernier. Ce dernier a apporté certes, quelques allègements afin de faciliter aux opérateurs l’obtention de l’agrément qui leur aurait permis de retrouver un métier qu’ils ont été contraints de cesser d’exercer depuis le premier janvier 2017 !
Importations ou pas ?
C’est donc avec beaucoup d’espoir qu’ils se sont empressé de déposer de nouveau dossiers pour obtenir le fameux sésame et retrouver leur métier. Cette reprise tant espérée semble aujourd’hui difficile à atteindre au regard de l’évolution de ce dossier de l’automobile qui ne cesse de faire l’actualité, malgré lui. Notons au passage que, selon nos informations, certains opérateurs ont, dans la précipitation, commis des erreurs dans les documents fournis au comité technique, avec comme exemple, des contrats datant de 2020, soit de l’époque du cahier des charges 20-227, alors qu’ils auraient dû fournir un contrat de représentation daté après la parution du décret 21-175 du 09 Mai 2021. Mais d’autres opérateurs n’ont pas fait cette erreur et ont présenté des dossiers très correctes. Aujourd’hui, selon les informations qui circulent, le comité technique, seul souverain pour décider des suites à donner, semble être passé à une nouvelle étape en exigeant des documents administratifs qui ne sont pas du tout exigé par le cahier des charges en vigueur, c’est-à-dire le 21-175 du 09 Mai dernier. En effet, il semblerait que dans le cadre d’un contrat de location, document validé par le cahier des charges en question, il est demandé aux opérateurs de fournir le livret foncier de l’infrastructure louée. Si cela est vérifié, cela ne pourrait-il pas s’apparenter à un dépassement, sachant qu’à aucun moment le cahier des charges 21-175 n’évoque l’obligation de fournir un tel document ?
Ce dossier de l’importation de véhicules neufs par les concessionnaires tient en haleine depuis plusieurs années les algériens, sevrés de véhicules neufs et ne sachant plus à quel saint se vouer. Les particuliers sont loin d’être les seuls pénalisés par cette situation au regard des grands problèmes vécus au quotidien par les entreprises publiques et privées. Le transport des marchandises se faisant dans sa grande majorité par la route, l’état vétuste pour ne pas dire d’épave, dans lequel se trouve le parc roulant, inquiète au niveau de la sécurité routière, théâtre ces derniers jours, de nombreux drames ayant fait près d’une quarantaine de victimes. Il inquiète également au niveau de l’efficacité de la logistique des entreprises, dont les performances s’amenuisent chaque jour un peu plus.
Si l’Algérie ne peut vraiment pas consacrer un montant donné à l’importation de véhicules neufs, il aurait mieux valu le dire aux opérateurs et aux consommateurs algériens. C’est le moindre des respects que doit témoigner l’administration publique, aux concitoyens, qu’ils soient consommateurs ou opérateurs. Devant cette situation devenue intenable, la question demeure posée de savoir si le marché se dirige vers une nouvelle année blanche, après celles de 2019 et 2020 ? Seul le comité technique est en mesure de répondre à cette interrogation. En attendant, le marché de l’automobile risque de continuer à broyer du noir alors qu’il est de notoriété publique qu’il est créateur d’emploi et de richesse à travers l’ensemble des wilayas du territoire national, à la faveur de la création de réseaux de distribution représentants des labels reconnus et appréciés par les algériens.