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CDC 383-22 : Trois contraintes majeures selon les concessionnaires

Le cahier des charges publié dans le journal officiel le 17 Novembre dernier, a été en général, accueilli favorablement par les prétendants à l’agrément de concessionnaire automobile.

C’est ce qui ressort de nos contacts avec ces derniers qui souhaitent que les démarches et délais indiqués dans le cahier des charges soit respectés par l’administration dans la perspective de l’obtention de leurs agréments à des échéances raisonnables. Mais au-delà de ce souhait, certains des professionnels de la distribution automobile n’ont pas hésiter à soulever quelques points considérés comme « très contraignants ».

Passage à l’industrie, une vraie contrainte ?

Trois contraintes ont été citées par la majorité des opérateurs que nous avons contactés pour connaitre leurs avis sur ce document encadrant leur activité. Ainsi, ils ont été nombreux à déplorer l’obligation qui leur est faite d’initier un projet industriel dans un délai de trois ans considérant que leur vocation reste l’activité commerciale qu’ils ont exercée depuis plusieurs années, alors que dans notre pays et pour la seconde fois, les rédacteurs du cahier des charges leur imposent de devenir des industriels dans un délai de trois ans. Selon leurs dires, c’est une incohérence qui se renouvelle puisque reprise du cahier des charges 15-58 qui a mené le secteur de l’automobile vers une crise inédite. Pour eux, l’industrie est une affaire d’industriels et obliger des commerçants à s’investir dans un domaine qu’ils ne maitrisent pas, risque de voir les dérapages connus par le passé se reproduire.

Dans la même perspective, certains prétendent que l’obligation de mettre en œuvre dans un délai d’un an à partir de l’obtention de l’agrément, un réseau de distribution installé sur vingt-huit (28) wilayas, risque de poser des problèmes, particulièrement aux marques premiums. En effet, si les marques généralistes disposent de modèles d’entrée de gamme accessibles, ce n’est pas le cas des constructeurs haut de gamme. Au regard du volume de vente réalisé par ces marques sur le marché algérien, représentant près de 2,5% du marché global, il leur sera impossible de développer un tel réseau au vu du niveau élevé des investissements à consentir dans les 28 wilayas alors que les agents agréés n’auront aucune garantie de disposer de volumes conséquents qui leur permettraient d’accéder à la rentabilité espérée.

Autre point soulevé par les concessionnaires leur paraissant contraignant, l’obligation de prévoir une quinzaine de véhicules de remplacement, dans le cas d’une immobilisation du véhicule d’un client, dépassant les 48h. Pour ces opérateurs, au lieu d’immobiliser 15 véhicules neufs représentant un montant considérable, d’autres solutions peuvent être mises en œuvre. Ils suggèrent des partenariats avec des sociétés de location ou des compagnies d’assurances auxquelles ils pourront faire appel pour la mise à disposition, au profit du client, d’un véhicule de remplacement.

Quand règne la confusion des genres…

En tout état de cause, il y a lieu de rappeler qu’en termes de prise en charge des préoccupations des clients, les concessionnaires, ont par le passé, fait preuve de quelques défaillances. Parfois dans les délais de livraison, d’autres fois dans le respect du contrat de garantie et de manière plus évidente, dans le service après-vente. Mais il est judicieux de rappeler qu’ils n’étaient nullement responsables de milliers de véhicules vendus par des importateurs multimarques, ayant obtenu un agrément à partir de 2012. En effet, près d’une centaine de revendeurs multimarques ayant des contrats avec des garagistes ou des mandataires, ont introduit des modèles haut de gamme, aux normes européennes, commercialisés sans garantie, ni service après-vente, tout en se vantant de commercialiser des véhicules meilleurs que ceux importés par les concessionnaires. Précisons au passage que les constructeurs ont toujours refusé à leurs représentants locaux d’importer des modèles aux normes autres que la norme algérienne. Résultat de ces importations de véhicules aux normes européennes, de nombreux clients ont connu des désagréments avec leurs véhicules et certains d’entre eux se sont retournés contre le concessionnaire représentant la marque de leurs véhicules, sans pour autant obtenir gain de cause au niveau de la justice. Aussi nous rappellerons l’histoire de cet importateur multimarques, disparu depuis, qui a contracté une vente collective pour les employés d’une entreprise publique, dont les travailleurs n’ont jamais vu la couleur de leurs véhicules. Les sommes d’argent perçues n’ont jamais été remboursées. C’est histoires ont certainement contribué à écorner l’image des concessionnaires. Elles ont créé une forte confusion chez le consommateur algérien, pour qui le concessionnaire détenant un contrat de représentation d’un constructeur, reste le seul responsable de tous ses malheurs alors qu’il a acquis sa voiture chez un importateur ne représentant aucune marque. C’est peut-être en raison de ces expériences malheureuses et de cette confusion des genres, que les rédacteurs du nouveau cahier des charges se sont montrés exigeant en mettant la barre assez haute pour protéger les droits des clients et les prémunir des éventuels manquements des concessionnaires.

Quel avenir pour le haut de gamme ?

La part de marché du segment haut de gamme, déjà modeste, risque de s’amenuiser…

Pour ce qui est de la mise en place d’un réseau de distribution de 28 agents disséminés sur autant de wilayas, en l’espace d’une année, cette décision va certainement décourager les concessionnaires de marques haut de gamme. Les investissements à consentir seront très lourds comparés aux volumes que notre marché peut absorber. Des marques comme Jaguar, Land Rover, Mercedes, BMW, Audi, Lexus, DS, Infiniti, pour ne citer que les plus connues, risquent de disparaitre de nos routes. La seule alternative pour les revoir, résiderait alors dans les quelques importations réalisables par les particuliers. Cet état de fait va contribuer à la mutation du marché vers des véhicules de moyenne gamme, d’autant que l’interdiction de la motorisation diesel, connue pour être très prisée sur les segment supérieurs (Berlines, SUV, Monospaces, Crossover, et autres 4X4), va conforter la tendance du marché, par ailleurs déjà affirmée par le passé, vers les voitures populaires et accessibles.  

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