L’année 2023 ne sera pas un bon souvenir pour les automobilistes algériens. 2023 a en effet, suscité de grands espoirs pour voir un réel redémarrage de l’activité des concessionnaires, en vain !
C’est l’aveux même de Mokdad Aggoune, directeur central chargé de l’intelligence économique et du service technique de suivi du dossier automobile au ministère de l’industrie qui a déclaré sur les ondes de la radio nationale chaine 1, « La vraie reprise du marché automobile sera effective au deuxième semestre 2024 ». Cette phrase à elle seule, révèle que l’arrivée de nouvelles marques prendra encore quelques mois et la concurrence ne s’installera vraiment que vers la fin de cette année. Les raisons à cet état de fait sont nombreuses, à commencer par la lenteur administrative constatée dans la délivrance d’une série de documents et d’autorisations qui s’apparente à un véritable parcours du combattant. Plus clairement, l’obtention de l’agrément pour un concessionnaire automobile est loin de vouloir dire que son activité peut reprendre puisque d’autres démarches doivent être accomplies pour lui permettre de réaliser sa première importation. Cette dernière est conditionnée par l’obtention du certificat de respect, puis de l’accord d’Algex. Une fois ces documents en main, il devra ouvrir une lettre de crédit, attendre plusieurs semaines durant lesquelles son volume est fabriqué, puis son transfert vers les ports algériens et ensuite entamer les démarches de dédouanement et enfin le transfert des véhicules dans le réseau de distribution. Toutes ces opérations, si elles se déroulent dans les délais prévus, ce qui est loin d’être le cas, prennent plusieurs mois.
Un écosystème à recréer
Mais au-delà de toutes ces démarches, et concernant l’année 2023, les volumes d’importations accordés aux concessionnaires agrées n’ont été délivrés que vers la mi-Octobre dernier, soit deux mois et demi avant la fin de l’année. Ce volume global estimé à un peu plus de 180 000 unités, tous segments confondus, correspondant à 1,9 milliard de Dollars, est loin d’être réalisé. La cause principale réside dans les délais nécessaires aux constructeurs pour produire les volumes commandés une fois le Swift réceptionné. Car de leurs côtés, ils doivent passer commande auprès de leurs fournisseurs équipementiers pour se fournir en composants et pièces essentiels à la fabrication des véhicules. Ajouter à cela les délais de fabrication et de transfert, particulièrement pour les marques chinoises, il était donc prévisible de voir les opérateurs concrétiser leurs premières importations au cours du premier trimestre 2024. Par ailleurs et une fois que les véhicules sont débarqués au niveau des ports algériens, les concessionnaires font face au problème de la logistique. En effet, les entreprises qui activaient dans ce secteur et qui se sont spécialisées dans le transport de véhicules neufs, ont toutes cessé leur activité depuis plusieurs années. Fiat en a fait les frais de manière cruciale avec le retard des délais de livraison rallongé en partie, en raison de ce problème. En fait c’est tout l’écosystème de la distribution automobile qu’il faudra recréer une nouvelle fois.
En attendant la relance, quelques livraisons sont prévues
En attendant, faisant une projection sur 2024 pour dire que plusieurs concessionnaires se préparent tant bien que mal à retrouver leur activité au cours de l’année en cours. Il s’agit du groupe Toyota avec trois marques, Toyota, MG et Changan, du groupe Elsecom avec Citroën, Suzuki, Isuzu et plus tard Kia, des marques JMC dont le lancement est prévu pour le 31 Janvier en cours, puis sera suivie de Dong Feng, Foton et Great Wall. Il est également attendu les lancements annoncés d’Alfa Roméo et JEEP avec Stellantis et peut-être le lancement de Skoda, probablement avec GMS qui ne communique toujours pas. Le marché de son côté, attend avec impatience les retours de Peugeot, Hyundai et Renault, des marques très prisées par les algériens.
En attendant, et au cours du mois de Février prochain, les premières livraisons de Geely à la faveur de deux arrivages, le premier dès la fin Janvier avec quelques 860 véhicules suivis de lots de 4 000 unités à partir de la mi-Février. Pour sa part, ALC représentant de Chery prévoit plusieurs arrivages de volumes importants, au cours des prochaines semaines. Cela lui permettra de livrer l’ensemble de ses clients au cours des mois de Février, Mars et Avril. Tout cela pour dire que le marché de l’automobile est vraiment loin de retrouver son équilibre, d’autant que les volumes de 2024 ne sont toujours pas connus. Il faudra encore beaucoup de temps. Le temps de voir enfin les showrooms de tous les concessionnaires et de leurs réseaux de distribution respectifs, embellis, dans lesquels des gammes sont exposées et des délais de livraison respectés selon les recommandations du cahier des charges. Ce n’est qu’à ce moment-là que nous pourrons dire que le marché a retrouvé un début de normalisation.