Marché automobile : Des perspectives peu rassurantes
L’année 2023 est sur le point de s’achever. Elle a apporté avec elle une modeste relance de l’activité des concessionnaires. Comment sera 2024 ? Sans prétendre répondre à cette question, carvision.dz prends le risque d’une projection sur la base de quelques indices relevés en 2023.
Au mois de Mars, la marque italienne Fiat a été lancée en grande pompe par le groupe Stellantis. C’était le début de la reprise de l’activité d’importation et de distribution de véhicules neufs par un concessionnaire. Le grand public, en témoigne les milliers de publications sur les réseaux sociaux, a applaudi ce grand retour de Fiat. Il était également attendu les arrivées de JAC et Opel qui n’ont en fin de compte pu démarrer leur activité, qu’en cette fin d’année. Qu’à cela ne tienne, le marché s’est manifesté de forte manière en remplissant le carnet de commande de la marque italienne et depuis peu, ceux de JAC et d’Opel. Ce qui dénote sans aucun doute, la forte attente du marché pour le véhicule neuf vendu dans le réseau des concessionnaires.
En cette fin d’année, nous assistons à une accélération des évènements avec l’octroi de nombreux agréments et la finalisation des quotas pour 2023. Dans la perspective 2024, il est attendu l’annonce des quotas vers la seconde moitié de Décembre. L’arrivée de nombreuses marques est également attendue, ce qui préfigure une activité très dense dès le début de l’an prochain avec des lancements durant tout le premier semestre. A cet effet, parmi les marques les plus attendues, on peut citer dans le désordre, Peugeot, Suzuki, Toyota, Citroën JMC, Dong Feng, Foton, Great Wall Schangan et MG. Ces marques apporteront un nouveau souffle sur l’ensemble des segments et renforceront le caractère concurrentiel du marché qui disposera de plus de choix.
Prémices d’une gestion chaotique…
Mais au regard des évènements qui se sont déroulés en cette fin d’année, il y a lieu de se poser des questions sur la capacité de certains concessionnaires à gérer une marque automobile. En effet, nous avons noté que dès l’ouverture des commandes chez un concessionnaires, certains agents agréés ne respectent pas les tarifs annoncés par l’importateur. Une augmentation de 200 000 Da a été constatée chez un de ces distributeurs !
Un des premiers à avoir investi le marché, la marque Chery, quinze jours après son lancement, n’a pas encore dévoiler les prix de quatre de ses modèles. Pour rappel, lors de son lancement elle a dévoilé une gamme composée de quatre SUV et deux berlines, elle n’a communiqué que deux prix : Celui du Tigo 2 Pro à 1 990 000 et celui du Tigo 8 Pro à 5 390 000. Le réseau de distribution qui reçoit de nombreux clients, ne sait pas encore à quel saint se vouer pour répondre aux demandes exprimées ! L’un d’eux est déjà sur le point d’arrêter son activité d’agent agréé !
Chez une autre marque, nous avons constaté une improvisation flagrante dans la grille tarifaire. Il a suffi que son concurrent direct annonce son premier prix pour que la panique s’empare de lui et le pousse à revoir le prix de son modèle d’entrée de gamme pour l’afficher cette fois, moins que celui de son concurrent supposé ! Du coup, le gap entre le modèle d’entrée de gamme et sa version supérieure atteint les 520 000,00 Da ! Du jamais vu dans la distribution automobile.
Ces comportements démontrent que le chemin du professionnalisme et une voie parallèle que ces nouveaux concessionnaires ne sont pas prêts d’emprunter. Si la grille tarifaire n’est pas gérée convenablement, comment sera gérée l’image de la marque ? comment pourront-ils respecter les délais de livraison et le contrat de garantie ? Sont-t-ils capables d’anticiper sur les besoins du marché en termes de disponibilité de la pièce de rechange d’origine ? Ont-ils initié de véritables plans de formations pour les techniciens du réseau de distribution pour pouvoir entretenir et réparer les véhicules qu’ils auront commercialisés ? Le doute est permis au regard de ce qui est constaté…
Vers deux catégories de concessionnaires !
Certains de ces opérateurs ne disposent à priori, d’aucune expérience dans la distribution automobile. C’est la première fois qu’ils ont en face d’eux un constructeur. Ce dernier impose à son représentant des conditions drastiques quant à la gestion de la marque. Que ce soit en termes de standards de représentation, de vente, d’après-vente, de disponibilité de la pièce de rechange ou de communication, l’ensemble de ces engagements doivent être respectés. Ces opérateurs, dans le plus souvent des cas, pensent qu’ils sont en droit de faire de « leur » marque ce qu’ils veulent ! Cela est loin d’être le cas et le temps finira par le leur dire.
En bout de compte, il faut se rendre à l’évidence et bien voir que deux catégories de concessionnaires vont émerger : Celle qui respecte les règles du jeu en mettant en œuvre tous ses moyens pour se montrer à la hauteur de la confiance du constructeur et du marché, et celle qui est mue par le gain facile et qui est obnubilée par les volumes de ventes, particulièrement en ces temps de dèche automobile ! Le marché peut se tromper une fois, mais l’activité d’un concessionnaire ne pourra être pérenne que si ses propres conditions sont respectées. A l’évidence, ce n’est pas et ça ne sera pas toujours le cas. Malheureusement.