Hakim Boutehra, directeur de la zone Maghreb du groupe Stellantis à carvision.dz :

« Notre volonté est d’aller rapidement vers un outil industriel digne de ce nom ».
Disponible et courtois, Hakim Boutehra, directeur de la zone Maghreb de Stellantis a bien voulu répondre à nos questions lors d’un échange direct et franc.
-Pour entamer cet entretien, pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’état d’avancement du projet industriel de Fiat à Oran ?
Notre projet industriel avec Fiat avance bien. Pour être clair, nous avons pris un certain nombre de mesure afin d’anticiper sur la problématique liée au SKD qui dure depuis pas mal de temps. Ainsi, dès le mois d’Avril, nous avons installé les équipes dédiées au CKD pour les préparer à leur mission. En parallèle, les équipements nécessaire au CKD ont été commandés durant ce mois de Juin et seront installés dans l’usine vers le mois de Juin 2024. Ce qui veut dire qu’environ six mois après la sortie des premières voitures des chaines de montage, nous entamerons les travaux de ferrage et peinture. Nous avons fait le choix de faire avancer aussi bien le SKD et en même temps le CKD, pour souligner notre volonté d’aller rapidement vers un outil industriel digne de ce nom et également montrer toute la confiance que nous avons en ce projet. Cette démarche nous permettra en temps voulu, de lancer sereinement la production de nouveaux modèles, tel que nous l’avons annoncé. C’est donc un signe, empreint d’un véritable engagement et d’une grande confiance que nous envoyons au marché national.
–Cela veut-t-il dire que dès le début de l’activité de l’usine, des équipementiers seront présents pour vous fournir une partie des pièces et composants produits localement ?
Ce qu’il faut savoir, c’est que nous avons déjà comme fournisseurs d’anciens sous-traitants qui ont activé par le passé avec d’autres marques. Ces opérateurs que nous avons certifié, fabriquent certains composants localement et vont contribuer à l’élévation du taux d’intégration. Nous sommes également en contact avec plusieurs autres opérateurs qui produisent des pièces pour le marché après-vente et avec qui nous travaillons pour arriver à les intégrer, pour les plus aptes, dans notre réseau de sous-traitance. Une troisième catégorie nous intéresse également, il s’agit d’opérateurs qui ont des compétences appréciables mais qui activent dans d’autres secteurs industriels et qui sont prêt à tenter l’aventure dans l’automobile. Au final, ce que je veux souligner, c’est que le sujet de la sous-traitance local est pris très au sérieux car c’est l’amélioration du taux d’intégration qui nous permettra à terme de réduire les coûts et de proposer des modèles compétitifs qui seraient à la portée du plus grand nombre. C’est en tout cas sur ces objectifs que nous nous focalisons car notre pays dispose de tous les arguments qui peuvent lui permettre d’atteindre l’objectif de créer un véritable tissu industriel dédié à l’automobile et ce grâce à la disponibilité de l’énergie, de l’acier et du plastique, les trois matières essentielles pour fabriquer un véhicule. Par ailleurs, le positionnement géographique stratégique du pays, sa main d’œuvre formée et pas très chère, ses bonnes infrastructures de base comme le réseau routier, sont autant d’atouts qui peuvent servir un projet comme le notre.
– Le Président de la république, Abdelmadjid Tebboune, a mis l’accent sur la nécessité pour Fiat d’accélérer le démarrage de l’usine d’Oran. Est-ce à dire que vous rencontrez des soucis pour ce faire ?
–Je peux vous assurer que les travaux de l’usine avancent selon les prévisions initiales. Nous serons donc au rendez-vous annoncé le 19 Mars dernier et la première voiture Fiat sortira bien des lignes de montage au début du mois de Décembre prochain.

–Passons maintenant à l’activité commerciale entamée en Mars dernier. Trois mois après le lancement de Fiat, que pouvez-vous nous dire sur la réaction du marché qui connait une crise persistante sur l’offre automobile ?
-Effectivement, cela fait déjà trois mois que nous avons lancé la marque Fiat et le marché, comme on pouvait s’y attendre, s’est rapidement manifesté dans nos showroom pour découvrir et apprécier la gamme proposée. Rapidement, il s’en est suivi des commandes sur l’ensemble des modèles à un rythme soutenu alors que parallèlement les approvisionnements ont eu du mal à suivre. Aujourd’hui, je peux vous dire que ces difficultés ont été levées et à partir de la fin de ce mois et jusqu’à la fin de l’année, le marché recevra entre 10 à 12 000 unités par mois. Nous avons observé un intérêt particulier sur quasiment l’ensemble des modèles de la gamme, que ce soit les utilitaires Ducato et Doblo que les véhicules particuliers, Fiat 500, Tipo et 500X. Cette dernière connait un succès de plus en plus croissant aussi bien sur le marché des entreprises que celui des particuliers.
–Vous proposez une gamme réduite alors que le marché est demandeur de modèles tels que Panda, Punto et Cubo pour ne citer que ces trois véhicules. A quand l’élargissement de votre offre aussi bien VU que particuliers ?
-Pour le moment nous nous tenons au plan produit défini initialement. Nous sommes au tout début de notre aventure sur le marché algérien, aventure que nous voulons pérenne. Pour cela nous allons poursuivre notre plan de marche en maintenant la gamme introduite que nous considérons adaptée aux besoins du marché. J’en veux pour preuve les premiers retours en après-vente où nos clients se disent en grande majorité très satisfaits des prestations offertes par nos modèles en termes de plaisir de conduite, de dynamisme, de sécurité et d’économie de carburant. Nous comptons soutenir le développement de Fiat par la mise en œuvre d’un réseau d’agents agréés composés aujourd’hui d’une quarantaine de points de représentation, d’ici à la fin de l’année, nous serons à 50 agents distributeurs. Ce réseau de distribution va jouer un rôle fondamental dans le développement de la marque Fiat et des autres labels du groupe Stellantis. Ce rôle sera effectif à la faveur des cycles de formations prévus et déjà en cours, pour l’ensemble des collaborateurs du réseau. Il s’agit de formations au profit des commerciaux, des techniciens après-vente et des administratifs. Ces formations seront sanctionnées par des diplômes internationaux, qui viendront valoriser les compétences de nos collaborateurs. A travers ces formations, nous affichons nos ambitions d’installer les marques que nous introduisons sur le marché algérien, dans la durée, particulièrement Fiat qui est la première sur le marché.
-Justement, depuis son lancement, Fiat est la seule marque active sur le marché. Pensez-vous que tout est fait pour exploiter cette conjoncture favorable de manière à mettre sur nos routes le maximum de modèles dans la perspective d’une éventuelle concurrence avec l’arrivée de références bien établies sur le marché national ?
–Depuis notre arrivée avec Fiatsur le marché national, nous travaillons selon un programme bien établi pour permettre à notre gamme de conquérir une place respectable. Il est vrai que depuis son lancement, Fiat évolue seule sur le marché mais cela ne va certainement pas durer. Il serait illusoire de croire que cela est une bonne chose pour nous. Nous estimons que nous avons besoin de la concurrence. Une concurrence saine qui sera bénéfique pour tout le monde, aussi bien les acteurs que les consommateurs. Pour notre part, nous nous tenons à notre plan de marche qui consiste à installer nos marques durablement. Ce travail ne se voit peut-être pas, mais nous le faisons quotidiennement en enrichissant notre personnel par de nouvelles recrues dans plusieurs domaines de notre activité. Nous posons les jalons qui nous permettront une représentation sérieuse, à travers comme je viens de vous le dire, un réseau de distribution cohérent, composé de professionnels disséminés à travers l’ensemble du territoire national. Nous voulons nous rapprocher du marché au maximum. De ce point de vu, nous avons largement dépassé les exigences du cahier des charges et ce après trois mois seulement d’activité.
-Des informations font état de votre volonté de revoir à la hausse votre volume d’importation au cours de cette année qui passera des 50 000 unités annoncées lors du lancement le 19 Mars dernier, à quelques 77 000 unités. Le confirmez-vous ?
–Oui, je confirme notre volonté de fournir le marché avec des arrivées régulières de volumes entre 10 à 12 000 unités mensuellement. Nous avons beaucoup travaillé pour aplanir les contraintes liées aux approvisionnements. Nous avons également revu à la hausse notre objectif volume pour cette année 2023 qui passe à 77 000 unités.
-En tant que responsable de la zone Maghreb du groupe Stellantis, pouvez-vous nous dire à quand les lancements d’Opel, Citroën et le retour de Peugeot, sachant qu’Opel a obtenu son agrément alors que Citroën a eu l’accord du comité technique ?
-Concernant la marque Opel qui a obtenu son agrément, il faut savoir que certaines procédures administratives ont été modifiées, nous sommes en attentes de leurs mise en œuvre pour qu’Opel et d’autres acteurs éventuellement, puissent investir le marché. Ce que je peux vous dire, c’est qu’il n’y a pas de souci particulier, je pense qu’il nous faut être patient et bien nous préparer pour être prêt quand le feu vert nous sera donné.